Azogen, fertilisant azoté naturel. Un avenir prometteur
Les engrais azotés
Lorsque l’on parle d’engrais encore faut-il préciser de quel type d’engrais il s’agit : liquide, soluble, organique, de synthèse, sa formulation, etc..
Prenons le cas de l’azote, qui, avec le potassium et le phosphore, constituent le trio d’excellence des éléments dont ont besoin les plantes pour leur croissance.
Depuis l’aube de l’humanité les agriculteurs ont utilisé des engrais pour maximiser leur production. Aujourd’hui ce sont quelques 130 millions de tonnes d’engrais de synthèse qui sont produites chaque année dans le monde. Un chiffre impressionnant. Seule la moitié de ces 130 millions de tonnes sont assimilées par les plantes. Au-delà de l’accumulation d’engrais dans les sols, et de leur impact sur les nappes phréatiques et cours d’eau, ces engrais génèrent d’importantes émissions de gaz à effet de serre (GES).
La production industrielle d’engrais de synthèse est une des sources d’émission de gaz à effet de serre. On estime qu’environ 40 % des GES émis par les engrais sont générés durant leur production et leur transport. 60 %, quant à eux sont la résultante de leur utilisation sur les sols agricoles. Ces GES sont en grande partie du protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre qui a un pouvoir de réchauffement global sur 100 ans 300 fois plus élevé que le CO2.
Les engrais azotés de synthèse : une source importante de GES
En termes de fertilisation, l’azote est un incontournable et les productions agricoles dépendent de cet élément. Il apparait cependant que les engrais azotés de synthèse occupent une place importante parmi les facteurs de la crise climatique. En septembre 2019, la banque mondiale publiait un rapport qui précisait que « Les retombées de la pollution par l’azote sont considérées comme l’une des plus grandes externalités globales auxquelles le monde est confronté, impactant l’air, l’eau, les sols et la santé humaine ».
Ainsi, sur 100 tonnes de GES émises dans le monde environ 2,5 % proviennent de l’industrie des engrais azotés.
En 2018, la chaîne d’approvisionnement en engrais azotés synthétiques représentait en volume d’émissions de GES environ 1,25 GtCO2e, soit approximativement un cinquième des émissions directes de l’agriculture mondiale.
Toujours en 2018, les émissions de GES par les engrais azotés de synthèse se répartissaient comme suit :
Production : 35,2%
Transport des engrais : 2,4 %
Émissions sur les terres agricoles : 62,4%
Selon le guide GES’TIM, publication, reconnue par le Ministère français de l’Agriculture et de la Pêche, la production d’un kilo d’engrais azoté représente en moyenne une émission de 5,34 kgCO2e.
Une double incidence : environnementale, mais aussi économique
Les variations des coûts de l’énergie qui se répercutent aussi sur les frais de transport ont un impact direct sur la fluctuation du prix des engrais. En effet, la production d’engrais est un processus énergivore. Ainsi, la hausse des prix de l’énergie, le gaz par exemple, réduit l’offre mondiale d’engrais, ce qui a entrainé en 2021 une diminution notable de la production mondiale et l’instauration de restrictions à l’exportation vers des pays grands consommateurs comme les États-Unis. La Chine illustre fort bien cette situation car elle se positionne comme le plus important producteur et exportateur d’engrais au monde. Elle fournit, entre autres, 10% de la production mondiale d’urée. La Chine comme la Russie visent tout d’abord à combler leurs propres besoins et imposent des restrictions sur les quotas à l’exportation qui se soldent par une grimpée des prix et notamment ceux des engrais azotés. Ces restrictions ont pris effet le 1er décembre 2021, pour une durée de six mois.
Azogen, l’engrais azoté naturel de Solugen. Un avenir prometteur
Nous l’avons évoqué à diverses reprises dans nos précédents blogues; le procédé novateur de Solugen de traitement du lisier porcin permet, outre la récupération d’eau pure, et la répartition des éléments fertilisants (phosphore dans la fraction solide résiduelle et concentré liquide potassium), la captation de l’ammoniac du lisier, qui autrement se serait volatilisé dans l’atmosphère, et sa restitution sous forme liquide.
Cette solution ammoniacale (Azogen) , extraite sans produit chimique par un procédé thermique écoénergétique, offre des propriétés fertilisantes particulièrement intéressantes, et s’inscrit dans une logique d’économie circulaire.
Azogen a récemment fait l’objet de tests menés par un centre de recherches agricoles au Québec. Les tests ont été réalisés au printemps et à l’été 2021 sur une variété de blé de printemps et du soja.
Application d’Azogen par aspersion sur les parcelles tests . Au premier plan le soja, et le blé de printemps en arrière
s un prochain billet de blogue nous reviendrons plus en détail sur ce projet de recherche. Les essais menés en conditions réelles sur des micro-parcelles représentatives de la production agricole, avaient pour finalité de déterminer le potentiel fertilisant de la solution de Solugen, en la comparant notamment avec des engrais azotés commerciaux.
Un des éléments du protocole de tests était de comparer les résultats de fertilisation de deux parcelles de blé de printemps :
T1 : Sans azote commercial et apport foliaire (aspersion) d’Azogen (à 7 % d’azote) de 1,75 l/ha aux 15 jours.
T5 : Azote commercial maximal et fractionné (50 % au semis et 50 % au tallage). Dans ce cas l’azote provenaient de deux types d’engrais :
- Pour le semis un mélange d’engrais de concentrations respectives de 12 et 24 % d’azote
Pour le tallage (mode de multiplication végétative de nombreuses espèces végétales qui leur permet de produire de multiples pousses secondaires), un engrais à 24 % d’azote
Des résultats éloquents pour Azogen
Ils démontrent que le niveau de performances obtenues pour les cultures sur ces deux parcelles est sensiblement le même en utilisant seulement 0,6kg d’Azogen/hectare pour la parcelle T1 , versus 94,8kg d’azote commercial appliqués sur la parcelle T5.
Traitement |
Apport minéral
(kg/ha) |
Apport Azogen™
(kg/ha) |
Apport total
(kg/ha) |
T1 |
0 | 0,6 |
0,6 |
T5 | 95 | 0 |
94,8 |
Résultats comparatifs des différentes analyses pour le blé de printemps
Traitement | Rendement sec (g) | Poids spécifique (g/0,5 l) | Poids de mille grains (g) |
Hauteur (cm) | Stade de développement au 4 août 2021 |
Protéine brute (%) |
T1 |
1 425,8 | 374,2 | 26,2 | 98 | 59,7 |
12,7 |
T5 |
1 620,7 | 375,0 | 24,8 | 103 | 59,6 |
13,1 |
Le centre de recherches agricoles en charge du projet conclut :
‘’ L’avantage le plus considérable quant à l’utilisation du produit Azogen™ se situe sur le plan de la réduction des quantités d’azote apportées au champ. En effet, le niveau de performance des cultures a été sensiblement le même avec une fertilisation apportant 0,6 kg d’azote/ha qu’avec une fertilisation apportant jusqu’à 94,8 kg/ha. ‘’
En ayant recours à Azogen plutôt qu’une fertilisation conventionnelle, de grandes quantités d’azote pourraient ainsi être économisées, générant des bénéfices avérés tant sur le plan environnemental qu’économique.
Dans un prochain blogue nous décrirons les résultats tout aussi prometteurs réalisés sur des parcelles de Soja. À suivre donc…
Sources :
https://www.notre-planete.info/actualites/1140-emissions-protoxyde-azote-agriculture-effet-de-serre
https://www.researchsquare.com/article/rs-1007419/v1
https://www.oecd.org/greengrowth/sustainable-agriculture/40680926.pdf
https://www.fcc-fac.ca/fr/savoir/services-economiques/perturbations-chaine-d-approvisionnement.html
https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?engrais_et_composes_azotes.htm